Interview avec L'Express concernant le développement de notre médicament anti-cancer de la peau utilisant la plante Ambavilla

05 janvier 2019 - Tel que publié sur L'Express (Traduit)

Amoureuse de sa Réunion natale, Anne-Laure, 36 ans, y est retournée il y a quelques années après une formation à l'université Pierre et Marie Curie à Paris. Sur son terrain, parmi les 16 000 espèces végétales dans le parc national, elle a trouvé l'ambaville, une plante extraordinaire qui était jusqu'à présent surtout connue des "tisaneurs" locaux qui la prescrivent sous forme d'infusions pour soigner des problèmes de peau ou de digestion.

Dans son laboratoire du Cyclotron Réunion Océan Indien (CYROI), la pépinière biotechnologique de la Technopole de Saint-Denis, Anne Laure Morel a repris ce remède de grand-mère pour une utilisation beaucoup plus scientifique. Elle a ainsi appliqué son expertise de chimiste des matériaux à cette plante qui concentre de nombreuses molécules antioxydantes. Et l'utilise comme bio-réducteur contribuant à la fabrication de nanoparticules d'or.

Ceux-ci peuvent ensuite être injectés dans une tumeur, qui sera alors irradiée par des rayons infrarouges. Le dégagement de chaleur détruit les cellules cancéreuses sans nuire au reste de l'organisme. Le traitement est ciblé, contrairement à la chimiothérapie. Cette innovation est actuellement testée sur des souris.

Plante d'Ambaville utilisée dans le développement de notre médicament contre le cancer de la peau

L'usine d'Ambaville

Son ambition est de trouver une alternative aux traitements actuels. C'est pourquoi, en 2015, elle a créé la startup Torskal, un fleuron local dans le domaine de la nano-médecine. Cette pionnière a su attirer de nombreux partenaires scientifiques de renom. Elle collabore avec le laboratoire de l'Université Paris 13 mais aussi avec des chercheurs en Allemagne, en Chine, et bientôt en Inde.

Primé en 2017 dans le cadre du French Tech Tour en Inde, Torskal a signé il y a quelques mois un partenariat avec l'hôpital militaire de Chongqing en Chine pour déployer un banc de photothérapie et réaliser des essais précliniques réglementaires. Si tout va bien, les tests sur l'homme commenceront dans trois ans et les premières molécules seront commercialisées dans une dizaine d'années.