Article de La Tribune sur TORSKAL, le gagnant de l'événement "10 000 startups" de 2021.

Article de La Tribune sur Torskal, le gagnant de 10000 Startups 2021

TORSKAL a remporté le prix 10 000 startups pour changer le monde 2021 dans la catégorie Outre-mer, lors du Grand Rex à Paris le 29 mars 2021. (Crédits : DR)

31 mars 2021 - Comme publié sur La Tribune (Traduit)

Grâce à la "chimie verte", la startup réunionnaise Torskal a développé une technologie pionnière et non invasive pour le traitement des cancers. Sa fondatrice, Anne-Laure Morel, a remporté le prix "10 000 startups pour changer le monde" 2021, organisé par La Tribune, dans la catégorie "Outre-mer".

Traiter les cancers de surface, comme le carcinome, avec un mélange de nanoparticules et de plantes : c'est l'objectif du Torskal fondé par Anne-Laure Morel, docteur en chimie et physique des matériaux. Une approche innovante qui utilise des nanoparticules d'or et des plantes endémiques de l'île de la Réunion, lieu de naissance d'Anne-Laure Morel.

De la recherche à l'esprit d'entreprise

Cette technologie brevetée chauffe des nanoparticules d'or avec un laser proche de l'infrarouge pour tuer précisément les cellules tumorales. Un dispositif qui réduit considérablement les graves effets secondaires des autres techniques telles que la chimiothérapie et la radiothérapie.

Mais avant de créer son entreprise, la jeune femme a dû passer par différentes étapes. Née en 1982 sur l'île française de l'océan Indien d'une mère bordelaise et d'un père réunionnais, elle y a suivi sa scolarité jusqu'au baccalauréat avant d'aller étudier la médecine à Bordeaux. 4 dit la jeune femme de 30 ans. Elle obtient un master en biochimie structurale et part à Paris pour passer son doctorat, où elle rédige sa thèse sur la conception de biocapteurs tridimensionnels à base de nanoparticules d'or. "Celles-ci donnent un effet 3D à une surface plane pour faciliter la détection d'antigènes", explique-t-elle.

Nanoparticules et plantes endémiques

Elle a ensuite accepté une bourse ministérielle pour faire un stage en parallèle de sa thèse, avec l'idée de devenir enseignante-chercheuse. 4 confie-t-elle. Sa thèse en poche, la jeune femme intègre un cabinet de conseil où elle effectue des missions pour des laboratoires en recherche de financement.

En 2011, elle retourne à La Réunion, où elle décroche un poste au sein de la pépinière d'entreprises CYROI (Cyclotron Réunion Océan Indien), spécialisée dans l'oncologie. Elle y a d'abord travaillé comme chef de projet, puis comme manager. "Le fait d'être en contact avec des chefs d'entreprise m'a ouvert les yeux. J'avais envie de concrétiser ce projet que j'avais depuis longtemps". raconte le PDG de Torskal.

Elle a ensuite eu l'idée d'ajouter aux nanoparticules d'or des plantes endémiques de La Réunion, comme l'ambaville, qui peuvent être utilisées comme agents de contraste naturels (substances qui aident à visualiser les tumeurs). En 2015, on lui a demandé de s'installer au CYROI à temps partiel pour se concentrer sur son projet. Elle commence ses expériences en broyant des plantes dans sa cuisine, puis s'inscrit au concours national d'aide à la création d'entreprises de technologies innovantes i-LAB du ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation en partenariat avec Bpifrance. Lauréate dans la catégorie "émergence", Anne-Laure Morel a utilisé ce financement pour acheter ses premiers produits chimiques, faire appel à des prestataires de services et s'assurer la collaboration d'un phytochimiste.

Un traitement d'ici 2025

Le premier brevet a été déposé en 2016. D'autres financements publics (Fonds européen de développement régional, crédit d'impôt recherche) et privés ainsi que des services ont permis à la startup de poursuivre ses recherches sur ce concept original.

Outre l'oncologie, Torskal a développé une ligne cosmétique basée sur un autre type de nanoparticules fabriquées par la société LHOV (l'huile à l'or végétale) située à Bordeaux. "En 2020, Clinifutur, qui possède une dizaine d'établissements de santé dans l'océan Indien et qui est le leader de l'oncologie à La Réunion, a proposé d'investir dans Torskal." raconte la jeune femme, qui est née dans l'une des cliniques du groupe.

Anne-Laure Morel et son équipe préparent actuellement la phase d'essais cliniques sur l'homme, qui devrait débuter cette année en partenariat avec Clinifutur. et un hôpital public en France métropolitaine. En attendant le feu vert des autorités, quelque peu retardé par la crise sanitaire, Torskal travaille déjà sur l'étape suivante, le traitement des cancers profonds qui touchent les organes. "Nous allons entrer dans la phase d'essais cliniques sur les animaux". explique le scientifique. Torskal développe également un pôle commercial pour vendre ses nanoparticules et proposer ses services aux industriels. La société deeptech espère que sa technologie non invasive et ses nanomatériaux respectueux de l'environnement seront disponibles d'ici 2025.

Crédits d'article : La Tribune